Interview - MI

Affaire programme des candidats : La RDC peut atteindre plus de 20 milliards USD l’an de budget, dixit le prof. Florimond Muteba

Il a éclairé la lanterne sur les différents programmes présentés par les candidats présidents de la Républiques aux élections du 23 décembre 2018. Le Prof. Florimond Muteba, numéro un de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) s’est étalé là-dessus au cours d’un entretien à votre site d’information. A l’en croire, il suffit que le prochain régime prenne des mesures strictes sur le coulage des recettes. Aussi, faudra-t-il être sévère sur les contribuables qui ne remplissent pas leurs devoirs citoyens.

Ci-dessous l’intégralité de l’interview :

Matininfos.net : Tous les candidats Présidents de la République Démocratique du Congo ont présenté des programmes qui sont cinq fois plus que celui de Joseph Kabila. Est-il possible d’avoir un budget supérieur à 5 milliards USD l’an.

Prof. Florimond Muteba : Tout à fait. Si nous prenons en compte la gouvernance des finances publiques telles qu’elles se déroulent actuellement avec tous les problèmes de coulage, corruption, des exonérations, c’est difficile de dépasser les 4 milliards. Mais si cela est combattu avec vigueur, que la mobilisation devient la priorité du gouvernement et que ceux qui sont à la base de coulage sont punis sévèrement, il y a beaucoup de chances d’aller au-delà de 15 à 20 milliards USD l’an de recettes fiscales, parafiscales et autres. Le potentiel fiscal de la RDC est très important.

Donc, il est possible d’atteindre 20 ou 30 milliards USD. Vous savez que chaque année, lorsqu’on établit le budget, les services  de l’Etat, présentent  des besoins qui avoisinent 78 milliards USD l’an.  Si les besoins exprimés arrivent à ce niveau-là, on pourrait même dire que le Congo a besoin dans  un premier temps, d’un budget de 100 milliards USD par an.

En tenant compte du potentiel fiscal de la RDC, je pense que c’est possible parce qu’on peut arriver à mobiliser ces recettes. Imaginez-vous que lorsque le dernier rapport publié par la BAD présentant les budgets comparés des pays africains, le Nigeria a un budget de 500 milliards. Vous pensez que la RDC pourrait éternellement se contenter de 5 milliards ? Ce n’est pas possible !

Matininfos.net : A partir de quelle année exactement le pays peut arriver à réaliser plus de recettes après élections ? Une année, deux ans, combien ?

Florimond Muteba : Je pense que c’est déjà à la deuxième année. Si les mesures sont prises pour freiner les exonérations fantaisistes, le coulage des recettes et la corruption, le budget de l’année suivante peut doubler ou tripler à 15 milliards. Mais à condition que la période de la prise de pouvoir affiche une extrême sévérité par rapport à ces maux-là. Il faut que les tribunaux, notamment les magistrats reçoivent des consignes sévères par rapport aux personnes accusées de détournement et de corruption. Aussi, faut-il qu’ils affichent une attitude vraiment très sévères. Il faudra également que les mesures soient prises pour que les contribuables qui ne veulent pas remplir leurs devoirs paient les impôts. Puisque, c’est ce qui explique que, malgré ce potentiel fiscal, avec tous ces contribuables, on n’arrive pas à capter ce dont le pays a besoin pour avoir un budget conséquent.

Donc, il y a un grand travail à faire. Non seulement tous ceux qui doivent payer aujourd’hui sont exonérés, mais ceux qui échappent sont aussi nombreux. Ecoutez ! Lorsqu’il y a eu le forum sur la fiscalité, l’un des conférenciers a indiqué que le potentiel fiscal des ETD pour un seul acte générateur des recettes qui est l’impôt Personnel Minimum (IPM) avoisinait 2,5 milliards USD par an.

Matininfos.net : Quel est le secteur pour lequel l’Etat devrait être un peu plus rigoureux en matière de coulage de recette ?

Florimond Muteba : Je pense que le problème de coulage est généralisé. Que ce soit dans les mines, industries de transformation des produits agricoles, les brasseries et Petites et Moyennes Entreprises (PME), congolaises ou étrangères, le coulage existe. Il n’y a pas un secteur que le Président qui arrive peut négliger. C’est vrai que très vite on se dira les mines ont beaucoup d’exonérations. C’est vrai que c’est dans les entreprises étrangères qu’il y a beaucoup d’exonérations qu’il faut regarder de près. Mais il n’y a pas qu’eux ! Les nationaux qui sont dans les entreprises minières, les indiens, libanais, chinois échappent à cet effort de mobilisation des recettes. Je pense que celui, quel qu’il soit, qui sera élu Président de la république, doit savoir que nous pouvons faire mieux au niveau social par rapport à la population au niveau du secteur publique, comme l’agriculture, la santé, l’éducation. Il faut d’abord mobiliser les recettes, ensuite les mettre aux services des secteurs pro-pauvres.

Propos recueillis par Judith Asina

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