Sylvestre Ilunga Ilukamba nommé Premier ministre

Gouvernement Ilunkamba : Un renforcement des capacités matérielles et humaines des structures pérennes s’impose

« Seul le renforcement des capacités matérielles et humaines des structures pérennes pourrait permettre d’amorcer le processus de retour à une situation normale d’une administration réhabilitée dans son rôle de colonne vertébrale de toute la dynamique de la gestion publique du développement ». C’est la principale résolution d’une étude de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) et le Groupe d’Actions de la Société Civile pour la Promotion de la transparence et la participation citoyenne aux Finances Publiques (GAT/OCAP) sur le processus de planification en République Démocratique du Congo.     

Cette étude couvre la période allant du régime du Président Mobutu jusqu’à celle de Joseph Kabila et s’inscrit dans le cadre du contrôle citoyen de l’action publique.

En effet, il est clair que le processus de Planification, Programmation, Budgétisation et Suivi évaluation (PPBS) est le cadre homogène et exhaustif de la gestion publique du développement national. Et ses fonctions clés sont d’une importance capitale.

Cette étude fait un constat selon lequel ces dites fonctions sont actuellement disloquées entre de multiples structures ad hoc, tandis que les structures pérennes des ministères sont cantonnées dans un rôle marginal.

Vivement une administration stable

Les immenses besoins de reconstruction du pays lui imposent de mettre sur pied une administration stable et compétente, capable d’assumer les fonctions clés du processus PPBS. Or de ce point de vue, la situation est très mauvaise. La modicité des ressources financières destinées aux structures pérennes, les manques de moyens matériels, l’absence du renforcement des capacités des cadres et les rémunérations dérisoires détournent les fonctionnaires de leur ouvrage. Le nombre relativement élevé des structures ad hoc ou l’accaparement des fonctions techniques par les cabinets ministériels court-circuitent et contribuent à affaiblir un peu plus les structures pérennes de l’administration.

Ce, alors que ces structures ont été créées pour répondre à des situations d’urgence ou éviter d’avoir à amorcer le difficile travail de remise en marche des services publics. Le renforcement massif dont elles bénéficient ne fait qu’accentuer le dépérissement de l’administration.

Pour en découdre, seul le renforcement des capacités matérielles et humaines des structures pérennes pourrait permettre d’amorcer le processus de retour à une situation normale d’une administration réhabilitée dans son rôle de colonne vertébrale de toute la dynamique de la gestion publique du développement.

Dans l’ordre des priorités, si le gouvernement ne veut pas naviguer à vue, c’est là son véritable premier chantier qui semble être le dossier le plus important sur la table du futur conseil des ministres, du premier gouvernement de l’ère Felix Tshisekedi.

Dysfonctionnements constatés

L’étude a identifié des dysfonctionnements, qui ont fortement marqué l’exécution du Budget de l’Etat en général, et du Budget d’investissement en particulier durant plusieurs années. L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) et du Groupe d’Actions de la Société Civile pour la Promotion de la transparence et la participation citoyenne aux Finances Publiques (GAT) constatent que l’un des principaux problèmes qui continue de se poser en RDC est la faiblesse de la gestion économique, aussi bien au niveau de la prise de décisions qu’à celui de l’exécution.

Ainsi, la gestion du développement de manière générale, et la gestion de l’économie et des finances publiques en particulier, sont-elles handicapées par un certain nombre de contraintes qui se manifestent au quadruple niveau. Il s’agit de la conception, formulation, mise en œuvre et suivi des politiques et programmes macroéconomiques et sectoriels ;  mobilisation des recettes et des ressources intérieures et extérieures ; programmation des dépenses publiques ; l’affectation et le contrôle des dépenses publiques.

Depuis le régime de maréchal Mobutu, la programmation et l’exécution des investissements publics en RDC se sont heurtées à des sérieuses difficultés. L’étude cite entre autres la mauvaise identification et préparation des projets ; le laxisme et les abus en matière de passation des marchés ; le mauvais emploi des trop rares ressources financières disponibles ; le refus par l’Etat de donner au Plan d’Investissements Publics la prééminence dans l’affectation des ressources publiques d’investissement.

Par ailleurs, l’étude note que la programmation pluriannuelle a été abandonnée en même temps que le processus de planification centralisée avait disparu des pratiques des institutions publiques. Il est impérieux aujourd’hui que la RDC remette en place cette méthodologie de programmation pour assurer une bonne préparation et exécution du budget de l’Etat.

Croissance sans impact

Suite aux bouleversements politiques et militaires et de la suspension de l’aide structurelle, le processus de planification n’a repris qu’à partir de 1997 avec le « Programme Triennal Minimum » qui était reconduit chaque année après actualisation jusqu’à l’élaboration du « Programme Intérimaire Renforcé » de 2001.

La mise en œuvre de ces programmes a apporté une croissance certes, mais une croissance non inclusive, une croissance non pro-pauvre, sans impact sur le vécu quotidien de la grande majorité de la population. Il n’y a pas eu de volonté politique suffisante pour améliorer véritablement l’allocation des investissements publics. La relecture du Plan National Stratégique de Développement (PNSD) pour éviter une navigation à vue, après ces échéances dans la continuité du processus de planification stratégique.

D’où, la nécessité d’avoir le PNSD avec une extension en provinces. Avec l’avènement d’une nouvelle Présidence de la République, l’ODEP et GAT s’attendent à une nouvelle vision politique et recommandent une relecture du PNSD. Puisque le slogan à la mode est  le peuple d’abord, la relecture devrait prendre en compte la participation de la population comme à l’époque des Document Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSCRP).

Judith Asina

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