Dialogue Mp-Rassemblement

MP – RASSOP : DES CONTACTS OFFICIEUX ?

Deux membres de l’Opposition ont réussi à sortir du bois Félix Tshisekedi, cela en l’espace de 48 heures. D’abord Kudura Kasongo du Fis par un tweet du 16 août 2017. Ensuite Jean-Claude Vuemba du Mpcr par une interview au siteweb 7SUR7.CD. Les deux ont annoncé l’existence des contacts entre la Mp et « Rassop/Limete » pour la nomination de Fatshi au poste de Premier ministre, en remplacement de Bruno Tshibala. L’élu de Kasangulu a même reconnu, rapporte ce site, que « Rassemblement a proposé à la MP que les évêques reprennent leur médiation ». Démenti formel de Fatshi : « Je suis président du Rassemblement, même si en politique il n’y a jamais d’impossible, mais je vous dis qu’en ce moment il n’y a pas de contacts ». Et d’insister qu’en politique, « on ne dit jamais, jamais ». La première observation à faire est que Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi parle de contacts officiels. Il sait qu’une certaine méthodologie veut que la reprise des négociations se fasse plutôt par des contacts officieux…

Qu’ils soient alors authentiques ou non, ou encore piégés ou pas, le tweet de Kudura et l’interview de Vuemba ont produit l’effet escompté. D’autant plus qu’en réagissant de la manière connue de l’opinion, Fatshi a certainement conscience de la conséquence logique de ses propos.
Effectivement, il ne pourrait désormais revendiquer quoi que ce soit et de qui que ce soit en rapport avec l’application stricte de l’Accord du 31 décembre 2016 s’agissant, notamment, de la Primature.
Or, il est de notoriété publique que c’est à cause du poste de Premier ministre que cet accord a eu du mal à être appliqué, le décès d’Etienne Tshisekedi début février 2017 ayant rendu complexe une situation déjà fort délicate.
On sait que le 10 janvier 2017, Félix Tshisekedi s’était déclaré candidat à ce poste. « Je vous dis très franchement que si la mission m’est proposée, je ne dirai pas non. Je me bats depuis longtemps et je suis dans la politique depuis très longtemps. Je suis cadre du parti depuis plus de 20 ans et je crois que j’ai mon idée de ce que peut être la République. Je pense, sans prétention aucune, pouvoir être un bon premier ministre (…) », avait-il dit.
Le 16 février 2017, en marge du 25ème anniversaire de la Marche des Chrétiens, une délégation du Rassemblement constituée de délégués du G7 (Lutundula et Kamitatu), de Dynamique (Fayulu) de l’AR (Dessanga) et de CAT (Lisanga Bonganga) s’était rendue au Centre interdiocésain « en vue de transmettre aux Evêques Catholiques ses propositions en rapport avec le choix du Premier ministre du futur gouvernement de large union nationale et la présidence de son Conseil des Sages, dont le leader serait de droit président du Conseil national de suivi de la transition ».
Le 20 février 2017, l’abbé Nshole avait fait la déclaration selon laquelle « Le principe est maintenant clair que le prochain président du Conseil des sages du Rassemblement sera le président du conseil national de suivi de l’accord, et celui qui doit présenter la liste des candidats premiers ministres », ce en contre-proposition de l’exigence de la Mp d’obtenir de « Rassemblement » trois candidats de façon à permettre au chef de l’Etat d’user du pouvoir discrétionnaire pour la nomination du chef du Gouvernement.
Depuis, Fatshi a été de toutes les tribunes, au pays comme à l’étranger, pour réclamer son droit à la primature : déclarations politiques, interviews, visites auprès des chefs d’Etat africains et au siège de l’Union africaine, siège de la Monusco etc.
Au demeurant, lorsqu’il soutient la thèse de la non-application de l’Accord du 31 décembre 2016 et en impute la responsabilité au Président Joseph Kabila et à sa famille politique, c’est en fonction de ce qu’il présente comme étant son droit de briguer la primature et le droit de voir Pierre Lumbi à la présidence du Cnsa.

AVEC CONSEQUENCE D’INDISPOSER SES CONTACTS
On sait que le 20 juin 2017, Pierre Lumbi, agissant en qualité de président en exercice du G7, a officiellement renoncé à ce poste. « Le G7 n’ayant pas accepté d’entrer dans le gouvernement mis en place sur base d’un arrangement frauduleux, car ne respectant pas les clauses de l’Accord, refuse, pour la même raison de participer au CNSA en cours de constitution », a-t-il annoncé.
On sait également que le 16 août 2017, Fatshi a considéré qu’il n’est ni demandeur, ni preneur du poste de Premier ministre. D’ailleurs, le 18 août 2017, il a persisté et signé, car à la question de savoir ce qu’il ferait si la proposition lui était faite, il a répondu : « je ne vois pas pourquoi est-ce je l’examinerais. Je suis préoccupé pour voir comment combler les congolais dans la quête de ce qu’ils veulent se voir se réaliser », allusion étant faite aux élections.
Pour autant que l’Accord du 31 décembre 2016 soit un tout (un package, dit-on), le violer consiste à s’appliquer la partie intéressante et à rejeter celle qui ne l’est pas, peu importe les circonstances et les raisons.
Ceux qui reprochent à la Mp et à son autorité morale de violer l’Accord en raison, soutiennent-ils, de l’interprétation sélective qu’elle en fait devraient éviter, eux-mêmes, d’agir de la même manière. Ils devraient continuer à revendiquer « leurs droits » jusqu’au plus tard le 31 décembre 2017, échéance de la durée de cet accord pendant que celui-ci prévoit les élections locales, municipales et urbaines en 2018 !
En renonçant à son tour au poste de Premier ministre, Félix décrète est censé être conscient de consacrer la caducité de cet outil. Et encore, cela la veille de son périple en Occident cartésien, avec conséquence d’indisposer sérieusement ses contacts desquels, on le sait, sa plateforme réclame des sanctions à l’encontre des acteurs de la Mp qu’il présente en violateurs de l’Accord de la Saint Sylvestre.
L’Occident cartésien est comme désarmé de voir la « victime » agir de la même manière que le soi-disant « bourreau »

NORMAL : L’UDPS, « RASSOP/L, « PEUPLE D’ABORD », C’EST LUI…
A dire vrai, qu’elle soit consécutive ou non au tweet de Kudura Kasongo ou à l’interview de Jean-Claude Vuemba, la réaction de Fatshi coïncide avec l’évocation du troisième dialogue.
Dans une dépêche du 16 août 2017 intitulée « Pas en Europe pour rencontrer Moïse Katumbi », Jean-Marc Kabund a refusé « de s’exprimer sur une nomination éventuelle de Félix Tshisekedi à la Primature ». Il a préféré renvoyer les protagonistes « à l’accord de la Saint Sylvestre ». Comme pour ne pas en hypothéquer la perspective.
Vuemba, qui semble en savoir plus que Kudura, conclut sa déclaration en s’interrogeant en ces termes : « Dès lors que la CENCO va reprendre en mains les choses et que Monsieur Kabila signe les deux ordonnances qu’on attend de lui, Félix Tshisekedi Premier Ministre, Pierre Lumbi Président du CNSA, pourquoi ne pas soutenir » ?

Pour l’heure, l’évidence à admettre est qu’en tournant la page du schéma tracé pour la gestion de la période préélectorale et électorale, Fatshi – à l’instar de Pierre Lumbi – liquide concomitamment le processus électoral.
Aurait-il péché par imprudence ? Ou plutôt par ignorance ? Par l’une ou par l’autre, il n’a pas d’excuse. La sagesse devrait l’obliger à commencer par échanger avec ses proches avant de prendre position. Il s’est plutôt empressé d’activer son compte tweeter, et le voilà s’enliser dans des explications oiseuses.
Normal : l’Udps, c’est lui. « Rassemblement », c’est lui également !
Mieux, le « Peuple D’Abord », c’est lui !

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