C’est l’une des deux conditions soulevée par Anne Gueguen, Représentante permanente adjointe de la France auprès des nations Unies lundi 27 août 2018 à New York. Le pays de Macron appelle le gouvernement RD. Congolais à lever l’interdiction générale de manifester et à libérer au plus vite les prisonniers politiques, conformément aux mesures de décrispation prévues par l’accord de la Saint Sylvestre. Objectif ? Permettre au pays de connaître un succès du processus électoral, conformément au calendrier de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
A l’en croire, ces élections sont celles du peuple congolais. La France de son côté réaffirme son plein respect de la souveraineté de la RDC, et encourage le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le bon déroulement du processus électoral, et la tenue d’élections libres, inclusives et transparentes, dans le respect du calendrier et de la Constitution.
Cependant, le succès de cette étape cruciale dans l’histoire politique du pays relève de la responsabilité et de l’engagement de chacun.
Aussi, revient-il à l’ensemble des parties prenantes de préserver l’esprit de dialogue et de consensus issu de l’Accord du 31 décembre 2016. Raison pour laquelle, elle insiste sur deux conditions indispensables au succès du processus électoral. La première consiste pour lesdites élections à se dérouler dans un climat de confiance. Car, l’ouverture de l’espace politique et démocratique, ainsi que le respect des libertés fondamentales, à commencer par la liberté d’expression et de manifestation sont indispensables. La France appelle le gouvernement congolais à lever l’interdiction générale de manifester et à libérer au plus vite les prisonniers politiques, conformément aux mesures de décrispation prévues par l’accord de la Saint Sylvestre. A ce sujet, le respect des droits de l’homme et des engagements pris par la RDC devant le Conseil des droits de l’homme à Genève sont essentiels.
Aussi, la France encourage-t-elle les autorités congolaises à assurer la participation des femmes au processus politique, dont celles-ci demeurent encore trop souvent exclues comme les chiffres indiqués à par Mme Zerrougui.
En effet, le respect du calendrier électoral est indispensable puisqu’il déterminera largement la confiance des Congolais envers ce processus. Les élections doivent avoir lieu à la date prévue, conformément à l’engagement de toutes les parties. Toutefois, le pays des Gaulois salue l’avancée des préparatifs législatifs et techniques dont témoigne la publication de la liste provisoire des candidats par la CENI, dans la nuit du 24 au 25 août. De plus, la France salue la décision du président Kabila de ne pas se représenter, conformément à la constitution.Pour maintenir cette dynamique positive, toute remise en cause du calendrier électoral doit impérativement être évitée.
Mais la prochaine étape sera désormais l’examen par la cour constitutionnelle des recours sur les candidatures invalidées par la CENI, qui doivent être déposés ces prochains jours, avant la publication des listes définitives le 19 septembre. Les décisions de la Cour doivent permettre de maintenir un climat de confiance dans le processus électoral, alors que l’inclusivité sera un facteur important dans le succès de cette élection.
La Représentante indique par ailleurs que son pays respecte pleinement la décision souveraine de la RDC de prendre en charge le financement et la logistique de l’organisation des élections. Elle rappelle néanmoins que la MONUSCO se tient à la disposition de la RDC pour lui fournir un appui logistique en cas de besoin. Pour cela, il est indispensable que les autorités compétentes transmettent à la MONUSCO les informations nécessaires, afin que cette dernière soit en mesure d’apporter son appui en temps voulu, le cas échéant.
En outre, les questions techniques qui sont encore en suspens doivent être réglées. Pour ce faire, la CENI est appelée à créer un plus large consensus sur l’utilisation des machines à voter, via notamment un accès et une familiarisation à ces dernières par l’ensemble des citoyens. La Centrale électorale doit par ailleurs, mettre en œuvre les recommandations faites par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans son audit de juin 2018, à commencer par la publication du fichier électoral, alors que 6,6 millions de personnes y sont inscrites sans empreinte digitale. Loin d’être anecdotiques, ces points techniques constituent un enjeu de crédibilité pour l’ensemble du processus.
Vivement un climat pacifique
La deuxième condition pour réussir ces élections consiste pour la France, de faire en sorte que le processus se dérouler dans un climat pacifique. Cela, d’autant plus qu’elle reste préoccupé par la situation sécuritaire et humanitaire en RDC, qui est susceptible, dans certaines régions, de remettre en cause le processus électoral.
Les tensions dans les Kasaï ont fait de nombreuses victimes, alors que les experts commissionnés par le Conseil des Droits de l’Homme ont rapporté des allégations de crimes de guerres et de crimes contre l’humanité. Quant à la partie Orientale du pays, notamment au Nord et au Sud Kivu, elle demeure extrêmement inquiétante, et est d’autant plus fragile depuis la nouvelle épidémie d’Ebola déclarée le 1er août dans le territoire de Beni.
La France salue, dans ce contexte, les déploiements de la MONUSCO dans les zones de violence, notamment à l’Est du pays. Il est indispensable de continuer à reconfigurer les Nations Unies pour renforcer la protection des civils. La sécurisation des élections à venir et leur soutien logistique, si les autorités le souhaitent, doivent être sa priorité sur le court terme.
Ainsi, la France se tient-elle aux côtés de la RDC, avec ses partenaires du Conseil de sécurité, de l’Union africaine et de la région, de continuera à s’engager sans relâche pour s’assurer que le processus électoral mène à des élections libres, crédibles, transparentes et inclusives.
Il faut signaler que élections du 23 décembre 2018 constituent un moment historique pour la RDC, devant permettre, pour la première fois dans l’histoire du pays, d’assurer un transfert pacifique du pouvoir. Pour la France, c’est une occasion unique pour le pays de s’engager durablement dans la voie de la paix et de la stabilité.
Judith Asina
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