Le président français, Emmanuel Macron, a reçu tour à tour à Paris, ses homologues rwandais Paul Kagame et angolais, João Lourenço. Ils ont notamment échangé sur l’organisation des élections en RDC en décembre de cette année. Ils ne soutiennent pas non plus un éventuel troisième mandat pour Joseph Kabila. Kinshasa a réagi via son ministre de la Communication, Lambert Mende, en mettant en garde contre tout complot. C’est le sujet à la une de la presse congolaise parue mardi 29 mai 2018.
Le pays de Lumumba est jaloux de sa souveraineté a dit, à haute et intelligible voix, le souverainiste Mende, écrit Forum des As. La RDC ne s’explique pas que le président français affirme haut et fort qu’« il va s’associer à la solution préconisée par l’Angola et le Rwanda ». Et Mende de s’interroger : « De quelle solution s’agit-elle ? ».
Le ministre se lance dans une tentative de réponse et affirme : « Si la solution dont il est question fait partie des résolutions prises dans le cadre des organisations sous-régionales comme la SADC et l’UA au sujet de la RDC, cela ne peut que nous flatter».
La RDC rappelle que « l’égalité souveraine des États proclamée par la Charte des Nations unies est un principe intangible; un horizon indépassable des relations internationales et un dénominateur commun dans les relations entre tous les Etats », poursuit La Prospérité.
«Nous saisissons cette occasion pour redire, à l’intention de tous les nostalgiques de l’ordre colonial, que le péché originel fondateur de l’Etat indépendant du Congo durant la période des conquêtes barbares et qui a voulu réduire notre pays au rang d’un simple comptoir des matières premières ou en un pandémonium de quelques grandes puissances de l’époque avec le droit de préemption sur le territoire de l’actuelle RDC pour certaines, ce péché originel a été expié depuis par le sang et le sacrifice de nos martyrs et de nos Héros qui, à l’instar de Patrice Lumumba, ont payé le prix le plus élevé que l’on puisse imaginer pour l’indépendance et l’auto-détermination du peuple congolais qu’on aurait tort de considérer comme de simples figures de style », déclare Lambert Mende, s’inspirant des images bibliques du sacrifice de Jésus-Christ sur la croix, mort pour l’expiation des péchés des enfants d’Israël.
Kinshasatimes.cd analyse le discours du porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende et arrive à conclure que l’Angola, la France et le Rwanda mijote un complot contre la RDC.
Le média fait le rapprochement des propos d’Emmanuel Macron à ceux de l’ancien diplomate Herman Cohen. Ce dernier avait laissé entendre que «si Joseph Kabila tente de rester au pouvoir en changeant la constitution, les pays voisins interviendront militairement en RDC».
D’où la mise en garde, relayée par Dépêche.cd. Sans porter des gants, Lambert Mende interpelle les pays frères africains qui croient tirer leur épingle du jeu en participant d’une façon ou d’une autre à des projets de déstabilisation de leurs voisins par certaines puissances non africaines. « Nous disons qu’il n’y a rien de nouveau dans ce jeu malsain qu’on tente de leur faire jouer », dit-il.
A en croire le porte-parole du gouvernement, « les pays africains qui se hasarderont à servir de tête de pont ou de sous-traitants à des stratégies extérieures hostiles à la RDC élaborées ailleurs seront toujours payés en monnaie de singe, en plus de la résistance farouche du peuple congolais à laquelle ils devront s’attendre », écrit le média en ligne.
Evoquer la situation de la RDC ne signifie pas comploter contre ce pays. C’est l’explication du président angolais João Lourenço, à lire dans les colonnes de Times.cd.
Les Etats de la région ont reçu le mandat pour dialoguer sur le sujet car « aucun d’entre nous ne veut voir l’insécurité en RDC». Lourenço João dit ne pas vouloir aborder les questions personnelles, telles que celle du président Kabila, seuls les électeurs pourront juger de qui devra lui succéder.
Elections sans Kabila
Le Phare se penche sur les questions électorales. Le média note que Macron et Lourenço sont d’accord pour des « élections sans Joseph Kabila » !
Pour ce quotidien, le numéro un d’entre les Français a particulièrement souligné l’impératif, pour la France, de voir les hommes au pouvoir en place à Kinshasa respecter intégralement l’Accord du 31 décembre 2016 ainsi que la date du 23 décembre 2018 pour la tenue des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, sans la participation de Kabila comme candidat.
Ces propos de Macron sont corroborés par ceux de Lourenço, cité par Actualité.cd : « Le président Kabila doit respecter l’accord de la Saint Sylvestre et ne pas se représenter aux élections en République démocratique du Congo qui auront lieu en décembre prochain. »
Le Potentiel voit en ces deux déclarations « une pression » sur Kinshasa. Même si Kinshasa s’agite, rien ne change dans la position prise par les acteurs sous régionaux et internationaux sur l’impératif des élections inclusives le 23 décembre 2018, constate le tabloïd, pour qui, l’étau se resserre de plus en plus autour du pouvoir MP qui n’a plus d’autre choix que de respecter la Constitution et l’Accord de la Saint Sylvestre.
C’est donc la fin de la lune de miel entre Paris et Kinshasa, renchérit 7sur7.cd Depuis l’avènement d’Emmanuel Macron, la France est en apparence discrète, voire effacée et moins offensive sur la crise congolaise que ses partenaires occidentaux, Belgique et États-Unis notamment, fait observer ce média.
Mais à six mois de la présidentielle, Paris a tenu à clarifier les choses en prônant la fermeté dans l’application de l’accord de sortie de crise signée le 31 décembre 2016 et qui interdit au président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat.
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