« Le viol utilisé comme arme de guerre et rôle des établissements d’enseignement supérieur et universitaire dans la construction de la paix en République Démocratique du Congo » a été le thème d’une conférence – débat animé par le Docteur Denis Mukwege, le mardi 20 décembre 2022, dans la salle Jean Vandenhaute de ‘ISP Bukavu dans la province du Sud Kivu.
Organisée par la « Dynamique Prix Nobel de la Paix » , cette conférence débat était une occasion de plus pour le Prix Nobel 2018 de rappeler aux établissements d’enseignement supérieur et universitaire, le rôle qui est le leur dans cette lourde mission d’éveiller les consciences des congolaises face au danger qui guette le pays.
Devant les professeurs, les membres du corps académique, administratif et technique, les étudiants et étudiantes de l’ institut supérieur pédagogique de Bukavu, premier établissement d’enseignement supérieur de la province du sud Kivu et plusieurs autres invités, le Prix Nobel de la paix 2018 s’est dit très touché par cette invitation de l’ISP Bukavu pour animer cette conférence , car la thématique abordée demeure le thème central de ses actions de plaidoyer national et international pour le retour de la paix en RDC et dans la région des grands lacs africains.
Dans son mot, le Docteur Denis Mukwenge a tenu à saluer la mémoire des civils tués sauvagement à Kishishe et Bambo dans la province du Nord Kivu par les rebelles du M23, le 29 et le 30 novembre 2022.
Le rapport d’enquête préliminaire publié par les nations unies parle « d’au moins 131 civils tués à l’aide d’armes à feu et armes blanches. Parmi les victimes, il y a 102 hommes, 17 femmes et 12 enfants, aux cotés de 60 personnes enlevées et au moins 22 femmes et 5 filles violées » a indiqué le Docteur Mukwege.
Le Prix Nobel 2018 a surtout invité tout son auditoire à soutenir le travail de vérité et de mémoire qu’il fait et qu’il a toujours fait pour contrer la stratégie de l’ennemi qui consiste à détruire les preuves et falsifier l’histoire.
« Nous rappelons à nos compatriotes et au monde qu’ en maints endroits, l’armée rwandaise, ses supplétifs de l’AFDL, du CNDP, du RCD, du M23 ainsi que d’autres occupants, ont commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité voire des crimes de génocide à l’encontre de notre population.
Des milliers de nos frères et sœurs ont été sauvagement exécutés à Lemera Kasika, Makobola, Kisangani, Kaziba, Kaniola, Beni, Butembo, etc. A ce jour, plusieurs d’entre eux n’ont pour sépulture que le Rapport Mapping des Nations Unies dont les recommandations sont malheureusement restées lettres mortes depuis 11 ans » a martelé Denis Mukwege avant d’inviter les uns et les autres à un réveil patriotique et se « lever tous comme un seul homme contre la manipulation des faits qui falsifie l’histoire en tentant de faire passer les pyromanes pour des sauveurs »
LE SATISFECIT DES PARTICIPANTS
L’organisation de cette conférence – débat a été très appréciée pour les étudiants de l’SP Bukavu qui y ont vu un appel pour un réveil patriotique. Beaucoup parmi les étudiants et autres invités n’avaient jamais rencontré le Prix Nobel 2018. Et cette conférence débat a été une occasion non seulement de le voir en chair et en os mais aussi et surtout de comprendre le sens de son combat.
« Je suis contente parce que j’ai appris à connaitre le Prix Nobel de paix. Beaucoup connaissent le Docteur Mukwege et non pas le Prix Nobel 2018. Cette conférence nous a permis de le connaitre plus. Parce que l’impression que ça donne ce qu’il est plus connu à l’extérieur qu’au pays » a souligné une étudiante de l’ISP Bukavu.
« J’ai été surpris. C’est ma première fois de le voir en face. C’est un homme exceptionnel. Il nous a expliqué comme le viol est utilisé comme arme de guerre depuis les années en RDC. Nous avons compris que nous sommes comme dans un profond sommeil car nous ne sommes pas conscients de ce que nous vivons. Et cette conférence nous a réveillé de notre sommeil défendre le pays » a souligné un autre étudiant.
« C’est à travers ce genre de discours que nous les jeunes, nous arriverons à comprendre ce qu’il faut pour relever ce pays. La construction de la paix a un prix. Et j’ai beaucoup appris de cette conférence. Je propose qu’il en fasse autant dans les autres établissements publics du pays. Mais malheureusement, il semble être combattu par les dirigeants du pays qui lui mettent de bâtons dans les roues » a regretté un des participants à la conférence –débat.
PB
Avez-vous aimé l'article? Partagez et Laissez votre commentaire