Hier, 19 décembre 2017, l’opposition congolaise avait appelé à des manifestations partout dans le pays pour dénoncer le maintien du président Kabila au pouvoir. En effet, comme le souligne Le Monde Afrique, « situation unique au monde, le président congolais est toujours en poste malgré la fin de son deuxième et dernier mandat, le 19 décembre 2016. Reportée de nombreuses fois, l’élection présidentielle doit se tenir le 23 décembre 2018. »
Le Rassemblement de l’opposition congolaise comptait bien marquer le coup donc, mais les marches n’ont pas eu lieu. Notamment à Kinshasa. Explications de l’UDPS, le principal parti d’opposition sur le site d’information congolais Actualité.CD : « le mot d’ordre n’a pas été totalement respecté à cause d’un problème de coordination, le fort déploiement de la police et de l’armée ainsi que la pluie qui s’est abattue sur Kinshasa. »
Le leader du parti, Félix Tshisekedi a exhorté la population : « ll y a moyen de se prendre en charge. N’attendez pas seulement les leaders. Prenez votre courage et soutenez-nous. Sans vous nous n’y arriverons pas. Nous libèrerons notre pays grâce à votre courage », a-t-il exhorté dans une interview en lingala. Des propos rapportés par le site congolais Cas-Info.
A défaut de mobilisation populaire, cette journée d’action s’est transformée en journée ville morte… Le Potentiel à Kinshasa s’interroge : « qu’est-ce qu’il faut tirer comme leçon de cette journée ville-morte ? Est-ce que le Rassemblement doit continuer avec la même stratégie qui, apparemment commence à s’essouffler ? Dans l’opinion, on s’interroge. Autant au sein du Rassemblement. Evidemment, dans les rangs de l’Opposition, on ne se dit pas déçu, affirme le quotidien kinois. Bien au contraire. Avec le temps, on estime que la mayonnaise finira par prendre. Le plus important, affirme-t-on, c’est la prise de conscience qui s’enracine désormais dans l’imaginaire collectif. »
Comment expliquer ce fiasco ?
Il n’empêche, « comment expliquer le fiasco de l’opposition dans la rue ? », s’interroge le site d’information spécialisé sur la RDC, Afrikarabia. « Si la principale cause du peu de mobilisation populaire de l’opposition s’explique par la répression sanglante de la police congolaise, il faut également en chercher les causes au sein de l’opposition, affirme Afrikarabia. L’échec de l’opposition dans la rue ne date pas d’hier. Après les manifestations de la fin 2016, la signature de l’accord politique de la Saint-Sylvestre, la mort du leader historique Etienne Tshisekedi et les divisions de l’opposition, rien ne va plus dans le camp anti-Kabila. Les manifestations, toutes interdites tournent désormais à l’opération ville… faute de mobilisation. Les débauchages de personnalités de l’opposition comme Samy Badibanga et Bruno Tshibala par le pouvoir ont réussi à perturber le semblant d’unité au sein de l’UDPS et du Rassemblement. Enfin, pointe encore Afrikarabia, les positions plus conciliantes avec le pouvoir de l’UNC de Vital Kamerhe, l’exil forcé de Moïse Katumbi, et le manque de leadership de Félix Tshisekedi, n’ont pas permis à l’opposition d’afficher une stratégie claire face à Joseph Kabila. Ce manque de stratégie concertée, où les différents leaders de l’opposition tirent à hue et à dia au gré d’alliances politiques de circonstances, a semble-t-il, fini par lasser une population, beaucoup plus préoccupée par la dégradation économique et sécuritaire du pays que par les petits arrangements entre opposants. »
Les Congolais résignés et fatalistes…
Ledjely s’agace… « RD Congo : honte à l’opposition », s’exclame le site d’information guinéen. « Aux multiples divisions sous-tendues par un égocentrisme qui, décidément, n’épargne aucun politicien congolais, vient s’ajouter un manque notoire de stratégie et une conviction somme toute superficielle, déplore Ledjely. Outre des appels à manifester auxquels ils ne se joignent pas, les opposants congolais n’ont rien d’autre. On ne sent aucun mécanisme destiné à sensibiliser les populations sur la nécessité et le bien-fondé de la bataille à mener. On se borne à lancer des appels via les médias et les réseaux sociaux, en espérant que les populations, cédant à une certaine naïveté, obéiront aveuglement. (…) Conséquence ? Plutôt résignés et fatalistes, les Congolais préfèrent attendre un signe de la providence. »
Et le grand gagnant dans tout cela ? C’est le président Kabila… En effet, constate Aujourd’hui à Ouaga, « Joseph Kabila aura réussi à se dépêtrer des différents obstacles ! Mise sous éteignoir des voix des évêques, lesquelles voix sont pourtant écoutées, création de la zizanie chez les opposants en procédant à des nominations qui jurent avec l’esprit et la lettre de l’Accord de la Saint-Sylvestre, et pour ne rien arranger, avec la situation au Kasaï, si les élections se tiennent fin 2018, cela relèverait tout simplement du miracle. » Qui plus est, poursuit Aujourd’hui, « Kabila a réussi à rabattre le caquet, ou du moins, à ignorer les bruits de la communauté dite internationale, jusqu’au sein de l’ONU. Il y a donc comme une réelle impuissance à faire face au rouleau-compresseur enclenché par Joseph Kabila dans le schéma qu’il a tracé vers son enracinement au pouvoir. »
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