RDC, CARTE POLITIQUE

Semaine 42 du Choléra : Insécurité, cause de la propension de l’épidémie en RDC

Dans son dernier rapport, le Ministère de la Santé Publique signale  que la semaine du 16 au 22 octobre 2017 a été marquée par une recrudescence de l’épidémie de Choléra dans le Nord-Kivu, spécialement de la zone de santé de Pinga. Aussi, les experts ont-ils identifiés un nouveau foyer à l’est de la région du Grand Kasaï, près de Mwene Ditu.

Les équipes du Programme National d’Elimination du Choléra et de lutte contre les autres Maladies Diarrhéiques (PNECHOL-MD), appuyées par l’OMS continuent à faire preuve de résilience pour relever les  défis et obstacles qu’elles rencontrent sur le terrain.

Nord-Kivu

En effet, les premiers cas de choléra sont apparus dans cette zone de santé en fin septembre (semaine 39). Il s’agissait de 2 adultes, des commerçants arrivés du village de Vumilia dans la zone de santé d’Alimbongo. Des premiers pris en charge dans des conditions d’hygiène très précaires au centre de santé de la localité d’Oninga dans la zone de Pinga. Bien que le nombre de cas suspects de cette zone augmentait légèrement chaque semaine, aucun décès n’était encore enregistré, jusqu’à la semaine 42 où 34 personnes en ont perdu la vie.

Selon ce rapport, la difficulté de la prise en charge des malades dans cette région est liée à l’insécurité, entendu que ce sont les milices qui bloquent l’accès, ce qui rend difficile l’approvisionnement en intrant et le manque de préparation à la gestion des cas de choléra du centre de santé de Oninga. A cela, s’ajoute la pratique d’enterrements non-sécurisés qui a très fortement contribué à la transmission de la maladie au sein de cette population. Ce qui présente un risque d’autant plus qu’Oninga est un centre commercial, notamment un comptoir d’achat d’or, qui reçoit des commerçants de plusieurs localités des zones avoisinantes.

Pour en découdre, une équipe de la Division Provinciale de la Santé du Nord Kivu a été déployée vendredi 27 octobre sur terrain, transportée par un hélicoptère de la MONUSCO et escortée par des casques bleus avec des caisses d’intrants. Sur place, ils ont découvert une cité quasi déserte car la majorité de la population, traumatisée, avait fui l’insécurité et la succession des décès liés à l’épidémie

de choléra. Pour ce faire, des nouvelles descentes vers Pinga sont planifiées par les mêmes mécanismes en vue d’apporter de nouveaux intrants et une tente de l’UNICEF qui servira de centre de traitement des malades ainsi que quelques équipements pour la désinfection des lieux. En plus, d’autres équipes seront déployées pour renforcer le volet WASH (hygiène et chloration de points d’eau), la prise en charge et la sensibilisation de la population qui commence à revenir dans la cité.

Province de Lomami

Dans l’optique de prévisions du plan global de riposte à l’épidémie de choléra une équipe d’intervention, missionnée par le programme, s’est rendue à Mwene Ditu depuis le 21 octobre 2017. Lesdites équipes pour mission d’anticipation ont rapporté quatre décès d’adultes fortement suspectés d’être des cas de choléra dans la zone de Kanda Kanda, à 135 km de Mwene Ditu, en date du 26 octobre 2017. Et les premiers cas seraient des commerçants arrivés de la zone de santé de Kanyama dans le Haut-Lomami qui est déjà en pleine épidémie comme la majorité des zones de santé de cette province.

Saisie du dossier, le Cabinet du Ministre de la Santé a débloqué des fonds d’urgence, à la même date destinés aux équipes de terrain en vue d’entamer le plus rapidement possible les actions de riposte dans la région.

Ainsi, cette expansion du choléra dans la région du « Grand Kasaï » demeure préoccupante pour le Ministère de la Santé alors que ses 4 provinces ont d’habitude été épargnées par les épidémies de choléra. Car, la dernière apparut remonte de 2002. C’est l’exacerbation de la crise humanitaire liée aux évènements de Kamwina Nsapu qui a contribué au retour du choléra dans cette région. Ce qui a augmenté la vulnérabilité des populations en affaiblissant la capacité d’action du système de santé.

En ce moment, une quantité importante de solutés ont été acheminés dans cette zone très enclavée. Il également prévu de construire un centre de traitement des cas de choléra pour mieux isoler les patients et de démarrer des activités de prévention de la transmission au niveau communautaire.

Province de Kasaï

Il faut signaler que le choléra est entré dans le Grand Kasaï  durant la semaine 40, soit du 2 au 8 octobre. En cette période, la maladie touchait trois zones de santé à l’ouest de la région dont, Ilebo, Mikope et Mushenge.

Se retrouvant dans la localité de Dibaya (zone de Ipamu, province du Kwilu), le long de la rivière du Kasaï, non loin d’Ilebo, l’équipe du Programme National d’Elimination du Choléra et de lutte contre les autres Maladies Diarrhéiques (PNECHOL-MD) a rapidement atterri  sur le lieu. Et la plus grande difficulté pour nos équipes était l’absence totale de chlore ainsi que l’état de délabrement des centres de prise en charge. D’urgence, l’équipes a emprunté  3kg de chlore auprès des services de la Regideso d’Ilebo et a entamé les travaux de réhabilitation du centre de prise en charge afin de regrouper tous les malades qui étaient jusque-là dispersés dans différents centres de santé. Une réhabilitation rendue possible grâce à un fonds d’urgence qu’a envoyé le Ministère de la Santé.

A l’arrivée des équipes de l’OMS, une première mission d’investigation a pu être réalisée dans les zones difficiles d’accès et sans réseau téléphonique de Mikope et de Mushenge. Et après plusieurs jours de discussions avec l’UNICEF, l’équipe de l’ONG Médecins d’Afrique qui avait été déployée dans le Kwilu (région où l’épidémie est déjà maitrisée) a été autorisée de se relocalise à Ilebo, pour s’investir très prochainement dans les activités communautaires.

Actuellement, il est rapporté qu’un problème majeur concerne la zone d’Ilebo où les équipes du programme choléra ont mis en place une coordination locale de la riposte pour les trois zones, notamment Ilebo, Mikope et Mushenge. Il est annoncé un renfort d’intrants de plusieurs partenaires qui devrait permettre de circonscrire rapidement l’épidémie.

Toutefois, d’autres actions y sont programmées, dans le souci de mieux classifier le volume de réponse à accorder à cette flambée de choléra dans le Kasai. Depuis le début du choléra en juillet 2017, 40 100 cas suspects ont déjà été enregistrés, contre 771 décès, soit une létalité de 1,9 %. Et  194 des 515 zones de santé ont déjà été touchées au moins une fois.

Judith Asina

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