Sud-Kivu : L’approvisionnement des produits pharmaceutiques freiné à Kinshasa suite à l’insécurité

La population de Bukavu au Sud-Kivu fait face depuis plusieurs semaines à une rareté inquiétante de médicaments dans les officines pharmaceutiques. Cette situation qui s’aggrave du jour le jour est une conséquence directe de l’isolement progressif de la ville de Bukavu du reste du pays, notamment de Kinshasa, principal centre d’approvisionnement pharmaceutique dans cette partie de la province du Sud-Kivu.

Selon plusieurs responsables d’officines pharmaceutiques rencontrés sur place, les stocks de médicaments essentiels tels que les antibiotiques, les antipaludéens, les antihypertenseurs ou encore les produits destinés aux maladies chroniques s’amenuisent dangereusement.

« Nous n’arrivons plus à recevoir nos commandes depuis Kinshasa à cause de la suspension ou du retard des vols. Nos étagères se vident et certains patients repartent les mains vides« , confie Raoul Mwenelwata, un pharmacien au niveau du Rond-Point Munzihirhwa dit Nyawera.

Rappelons que depuis plusieurs mois, les vols reliant Bukavu à Kinshasa sont irréguliers, voire suspendus, à cause de la détérioration de la situation sécuritaire dans certaines zones de l’Est du pays. Les compagnies aériennes évoquent des raisons de sécurité et des difficultés logistiques pour justifier cette suspension.

Le danger des patients atteints des maladies chroniques

Cette pénurie commence à avoir un impact direct sur la santé publique. De nombreux patients atteints de maladies chroniques, comme le diabète ou l’hypertension, peinent à trouver leurs traitements. Dans certains hôpitaux et centres de santé, les médecins se retrouvent contraints d’improviser avec les moyens du bord.

« C’est dramatique. Les ruptures de stock nous empêchent de suivre correctement nos patients. Certains sont obligés de réduire leurs doses ou d’interrompre leur traitement« , alerte docteure Nelly Kambale, médecin à l’Hôpital Général de Bukavu.

Face à cette situation alarmante, les pharmaciens et acteurs de la santé appellent le gouvernement central et le ministère de la Santé à intervenir en urgence. Ils demandent notamment la réouverture sécurisée des voies aériennes et routières afin de permettre la reprise normale des flux de médicaments.

Certaines structures envisagent de renforcer les circuits d’approvisionnement via le Rwanda ou le Burundi, pays frontaliers avec lesquels Bukavu entretient des échanges commerciaux. Mais cette solution reste coûteuse et temporaire.

Rédaction