La société civile environnementale en campagne contre la criminalité faunique

RDC : La société civile environnementale en campagne contre la criminalité faunique

La RDC qui abritait la plus grande population d’éléphants d’Afrique centrale avec environ 100.000 éléphants en 1980, occupe désormais la 3ème place avec une population comprise entre 5.000 et 10.000. Des chiffres alarmants qui ont poussé la société civile environnementale à lancer, vendredi 20 septembre 2019, une campagne contre la criminalité faunique autour du thème : « Mobilisons-nous et agissons pour mettre fin au massacre des éléphants, qui menace la survie de cette espèce emblématique ».

Le déclic de cette campagne consiste au constat selon lequel la RDC s’illustre à nouveau, par une mise à jour, au mois de mars derniers, d’un trafic de grande envergure d’ivoire d’éléphants ainsi que des écailles de pangolins. Selon René Ngongo de l’Organisation Concertée des Ecologistes et Amis de la Nature  (OCEAN) qui l’a fait savoir, le Secrétariat de la Convention sur le commerce International des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) relate plusieurs cas de saisie au Vietnam, en Turquie et à Singapour pour un total de 21 tonnes d’Ivoires et de 17 tonnes d’écailles en provenance de la RDC, entre mars et juillet 2019 et ayant transité par l’aéroport international de N’djili et le port de Matadi. Des cargaisons de cette importante ne peuvent franchir la frontière sans la collaboration criminelle évidente des différents services opérant dans le processus d’exportation. Il s’agit de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), la Direction Générale de Migration (DGM), l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), la Police Nationale Congolaise (PNC), la Régie des Voies Aériennes (RVA), l’Office de Gestion du Fret Multimodal (Ogefrem), la Cellule Nationale de Renseignements Financiers (CENAREF), l’Interpol.

Face à cette supercherie, la société civile à travers les ONG Conseil pour le Défense environnementale par la Légalité et la traçabilité (CODELT) et OCEAN, a porté plainte contre les auteurs des faits auprès du procureur général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe, pour avoir facilité l’expédition au Vietnam de 3.055 pièces prétendues de bois Sapellis sciés en décembre 2018. Ce, alors qu’il y a été dissimulé 9.138 tonnes d’ivoire brute, qui  correspondent à 1.000 éléphants abattus.

Pareils actes criminels, dit René Ngongo, diluent inéluctablement les efforts nationaux de conservation de la biodiversité, pour un pays qui s’est engagé à lutter contre la criminalité environnementale en général, et faunique en particulier, par la signature et la ratification de plusieurs conventions internationales (dont CITES) ainsi que d’instruments juridique régionaux dans le cadre de la Commission forêts d’Afrique centrale (COMIFAC). « La sauvegarde des espèces et des espaces menacés ne se fera pas sans notre contribution. Ensemble nous sommes la solution. Ensemble, nous devons agir. Agissons maintenant. Chacun d’entre nous peut se mobiliser et agir  pour faire face au plus grand défi de massacre des éléphants, qui menace la survie de cette espèce emblématique », a-t-il lancé.

Au gouvernement et à la justice congolaise  

Parmi les mesures urgentes à prendre, la société civile environnementale recommande notamment que toutes les personnes et tous les services publics et privés dans cette criminalité faunique ou qui s’en sont rendus complices soient poursuivies à la fois pour les infractions douanières qui impliquent plusieurs services et leurs agents, opérant dans le processus d’exportation des biens, et pour les infractions particulièrement définies par la loi relative à la conservation de la nature.

L’Etat congolais de son côté, devrait s’impliquer auprès des Etats concernés (Vietnam, Turquie, Singapour) pour réclamer et rapatrier toutes les ivoires et écailles de pangolin saisies selon les voies diplomatiques et autres qui peuvent être mobilisées en vertu des dispositions de l’article 74 portant règlementation de la chasse. Aussi, faut-il qu’une cérémonie officielle de mise en feux des ivoires et écailles rapatriés soit organisée sous le patronage du Président de la République de manière à lancer un signal fort de la détermination de la RDC à combattre  la criminalité faunique. Il faut également, que la lutte contre le braconnage et le trafic illicite de faune et flore sauvage soit alignée parmi les priorités du Gouvernement et par conséquent, allouer à l’Institut Congolais de la Conservation de la Nature (ICCN), un budget conséquent pour lui permettre d’assurer la conservation et de bien lutter contre le braconnage et le trafic illicite des espèces protégés.

Soutien du CES

La criminalité organisée, touchant la faune et la flore sauvage sape les efforts en cours dans le secteur de la conservation et prive le gouvernement d’important revenu tiré qui aurait pu être consacré au développement durable et à l’élimination de la pauvreté. Le deuxième Vice-président du Conseil Economique et Social (CES) qui l’a relevé, indique que l’exportation illicite des ressources naturelles du pays plusieurs fois dénoncées par ces organisations, permet la survie des forces négatives qui perpétuent l’instabilité  et les conflits dans l’Est du pays. Il assure, au nom du Président du CES, le soutient et la collaboration dans cette « campagne contre la criminalité faunique ».

Judith Asina

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