C’est ce que renseigne la sixième édition du baromètre citoyen du « Consortium Pamoja Kwa Amani », un regroupement d’organisations de la société civile de l’Est de la République Démocratique du Congo.
Ce consortium se base sur les fait que les rues de Goma et de Bukavu sont désormais désertes chaque samedi de 8h00 à 11h00. Aucune circulation n’est possible. Les autorités rebelles durcissent le ton pour ce qu’ilsappellent ‘’salongo’’ (travaux communautaires) pour assainir la ville disent-ils. Dans un message audio devenu viral sur les réseaux sociaux, on entent le Gouverneur AFC-M3 du Sud- Kivu, M. Patrick BUSU BWA NGWI donner des instructions fermes aux cadres de base de la ville de Bukavu interdisant toute circulation des personnes pendant les heures de salongo et que toute personne qui serait attrapée serait mise dans des camions mobilises à cet effet et conduites aux cachots de leur service de renseignement ( DSR) pour y ‘’subir une correction/éducation morale’’ ; et dans le jargon de la rébellion donner une morale veut tout simplement dire être soumis à des bastonnades, tortures et autres traitements inhumain et dégradant.
De cas d’innombrables arrestations sommaires et détentions dans des cachots d’infortune sontaussi quotidiennement rapportés à Pamoja kwaAmani, notamment à Bukavu et Goma. Pourdes questions diverses, des gens sont arrêtés, emprisonnes et soumis à de graves tortures. Et il y en a qui sont froidement abattues et dont les familles ne verront jamais les corps. Desdisparitions forcées et des recrutements forcés sont aussi signalés.
‘’Et avec cette reprise généralisée de la guerre, nous avons de sérieuses inquiétudes et craintes justifiées sur le risqued’accroissement du taux de recrutement forcé des jeunes au sein de différents groupes armés’’, craint ce consortium.
Les organisations humanitaires sous tutelle
Pour ce qui est du rétrécissement de l’espace civique, il est à noter avec inquiétude les dernières mesures annoncées par les autorités provinciales du Sud-Kivu faisant désormais obligation à toutes les organisations locales, nationales et internationales de conformer leurs interventions au plan de gouvernance de l’AFC-M23.
En outre les organisations sont désormais soumises à une obligation d’obtenir au préalable une autorisation claire de la rébellion avant de poser n’importe quel acte dans les zones contrôlées par l’AFC-M23. Elles doivent aussi obligatoirement présenter les rapports narratifs et financiers de toutes leurs activités. Bref, une véritable tutelle sur les organisations de la société civile et même des organisations humanitaires.
‘’Par ces mesures, les autorités de l’AFC-M23 mettent en danger la vie et la sécurité de nombreux acteurs humanitaires appelés, pourtant à intervenir pour soulager tant soitpeu la souffrance de la population durement frappée par la guerre et crise humanitaire qui s’en suit’’, alerte cette structure citoyenne.
Les médias poussés au silence
En outre, les médias, déjà fortement touchés par la situation de guerre, sont sommes à payer de nouvelles taxes, à défaut de quoi il leur est brandi la menace de leur fermeture pure et simple.
‘’Dans un contexte économique délétère où les médias ont du mal à fonctionner fauted’annonceurs et autres partenaires techniques financiers, les soumettre à de forte taxationéquivaudrait à réduire au silence les médias, ces derniers étant pourtant indispensables pour donner l’information, la bonne, a la population qui face aux manipulations et intox de réseaux sociaux a le droit d’avoir accès à une bonne information’’, relève Pamoja KwaAmani.
Justice barbare
Pendant ce temps la rébellion poursuit avec son programme de relance de l’appareil judiciaire.
Ainsi, il a été organisé à Goma en date du 14 septembre le test de recrutement de nouveauxmagistrats devant animer les Cours et Tribunaux dans la zone sous administration du M23.
Dans son baromètre numéro 04 du 01 septembre 2025 Pamoja kwa Amani avait déjà alerté sur cette situation qui expose grandement les citoyens au risque d’une justice barbare et au bout des fusils. Le Conseil Supérieur de la Magistrature avaitaussi protesté contre cette démarche qui enfreint nettement à la souveraineté nationale de la RD Congo.
Aux dernières nouvelles, la commission chargée de ce dossier au sein de l’AFC-M23 va procéder dans les heures qui suivent à la publication des résultats de ce concours.
Et de son côté, le Gouvernement congolais par le biais du Ministre de la Justice et Garde desSceaux a déjà annoncé la signature d’une ordonnance portant annulation de toutes les décisions judiciaires prises par les dirigeants de l’AFC/M23.
Josué Folo
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