C’est la réaction d’un congolais ayant gardé l’anonymat, désappointé par les propos du Président du Président de la RDC selon lesquels les Banyamulenge seraient congolais. Dans une tribune que nous publions en toute intégralité dans les lignes qui suivent, il se saisit du contenu du discours du Prix Nobel de paix 2018, pour rappeler que le nom « banyamulenge » a constitué, la base macabre de l’histoire de pénétration des armées Rwandaise, Burundaise et Ougandaise au pays. « En déclarant à Londres que les fameux Banyamulenge sont des Congolais et les comparer aux Congolais de l’étranger qui ont demandé la nationalité au pays d’accueil, le président de la République a commis une erreur monumentale », dit-il. Pour lui, le Président Félix Tshisekedi qu’il serait plutôt réaliste et opportun de d’évoquer le rapport mapping et ses recommandations. Il demande aux uns et aux autres d’avoir le courage de jeter un regard critique et impartial sur les événements qui sévissent depuis trop longtemps dans la région des Grands Lacs et de dénoncer les noms des auteurs de crimes contre l’humanité pour éviter qu’ils continuent à endeuiller cette région.
Ci-dessous l’intégralité de la tribune :
Félix Tshisekedi, a-t-il la maitrise des enjeux de l’Est de la RDC ?
Le Dr Mukwege, n’a-t-il a pas introduit son discours du prix Nobel de Paix 2018 par la tragique histoire de la nuit du 6 octobre 1996 ? Comment le Président Tshisekedi peut ignorer cet épisode macabre de la RDC et faire amende honorable aux bourreaux d’hier devant des milliers de Congolais vivant à Londres ?
« Dans la nuit tragique du 6 octobre 1996, des rebelles ont attaqué notre hôpital à Lemera, en République Démocratique du Congo. Plus de trente personnes tuées. Les patients abattus dans leur lit à bout portant. Le personnel ne pouvant pas fuir tué de sang-froid. Je ne pouvais pas m’imaginer que ce n’était que le début » avait déclaré le Prix Nobel 2018.
C’est vers la fin de l’année 96 qu’apparait pour la première fois le nom «Banyamulenge» pour désigner un groupe de combattants tutsi zaïrois revendiquant leur droit à la nationalité, droit retiré par le parlement zaïrois de l’époque, Haut Commissariat de la République-Parlement de Transition, HCR-PT. Ce groupe envahit le Zaïre par sa partie Est, plus précisément à partir du territoire d’Uvira, cité qui avait accueilli des milliers de réfugiés rwandais depuis juillet 1994. Parmi les prétextes avancées, il fallait chasser Mobutu et son régime qui autorisait des activités militaires dans des camps des réfugiés hutu rwandais disséminés dans les provinces du Sud-Kivu et Nord-Kivu.
Curieusement, la rébellion venue sous le label de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo/Zaire, AFDL ne comptait dans ses rangs aucun « Banyamulenge » au niveau de commandement.
Ce nom, a constitué, malheureusement la base macabre de l’histoire de pénétration des armées Rwandaise, Burundaise et Ougandaise en République Démocratique du Congo. Deux années plus tard, en 1998, une nouvelle guerre surgit pour diviser le pays. La partie orientale de la RDC est occupée par la fameuse rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie et pendant 2 ans, et cela dans une maffia opaque et organisée. Désormais, des minerais sont exploités, pillés et vendus sans contrepartie aux communautés locales ; des corvées sont imposées à la population. Comme si cela ne suffisait pas, la culture de la terreur s’installe avec des tueries de masse, sans compter des taxes récoltées sous la barbe de la communauté internationale. Aucun doigt ne se lève pour déplorer cet état de fait.
Cette nouvelle guerre de Libération, lancée le 2 août 1998 consacre la partition de la RDC en deux. On parle désormais de la partie Est, contrôlée par la rébellion et la partie Ouest sous contrôle du pouvoir de Kinshasa. Face à ce complot international, le président L.D. Kabila crie haut et fort pour tout celui qui veut l’entendre que le pays est envahi par les Rwandais et que les Banyamulenges n’existent pas.
Pendant les négociations de Sun-City en Afrique du Sud, la Vice-présidence en charge de la sécurité est octroyée au Rassemblement Congolais pour la Démocratie. Ceci sera une garantie totale de la présence permanente dans les gouvernements successifs de cette fameuse communauté, ethnie, clan, peuplade, groupe, race (choisit le mot selon la circonstance).
Ce que le peuple Congolais ignore, c’est la nomination aux postes des commandements de la logistique militaire, des sujets d’origine Tutsi.
C’est-à-dire, tous les commandants adjoints chargés de la logistique au sein de l’armée et de la police appartiennent à la communauté « Banyamulenge ». Aujourd’hui, la plupart d’entre eux sont des généraux sans formation dans une académie militaire connue.
Malheureusement, la base de l’accord entre l’ancien Président Joseph Kabila surnommé «Le Rais » et Tshisekedi reposent sur le maintien de ce deal. Et jusque là, le fils du «Sphinx de Limete» remplit bien la part du contrat.
C’est la raison inavouée de la présence d’Azarias Ruberwa dans tous les gouvernements.
Comparer l’incomparable !!!
En déclarant à Londres que les fameux «Banyamulenge» sont des Congolais et les comparer aux Congolais de l’étranger qui ont demandé la nationalité au pays d’accueil, le président de la République a commis une erreur monumentale.
Qui ignore qu’en Occident, la demande de la nationalité est individuelle.
C’est la raison pour laquelle, certains individus jugés subversifs sont extradés vers leur pays d’origine.
À supposer que les «Banyamulenge» aient demandé la nationalité congolaise qui leur a été octroyée, comme plusieurs le déclarent, par le président Mobutu. Le fait d’avoir pris les armes donne droit au parlement congolais de retirer en bloc cette nationalité.
Aujourd’hui c’est un avocat qu’ils ont engagé pour défendre leurs droits devant le conseil de Sécurité des Nations Unies car ils s’estiment menacés.
Le président de la République qui les déclare Congolais répond directement à leurs desiderata en tant que président.
Mesure-t-il les conséquences de ses propos devant des générations à venir.
Que dire des populations tuées, massacrées, enterrées vivantes par cette communauté ?
Voilà la raison pour laquelle le Dr Mukwege a fait savoir au monde qu’il n’y a pas de paix durable sans justice. Or, la justice ne se négocie pas.
Ayons le courage de jeter un regard critique et impartial sur les événements qui sévissent depuis trop longtemps dans la région des Grands Lacs.
Ayons le courage de dénoncer les noms des auteurs de crimes contre l’humanité pour éviter qu’ils continuent à endeuiller cette région.
Ayons le courage de reconnaître nos erreurs du passé.
Ayons le courage de dire la vérité et d’effectuer le travail de mémoire».
Par le temps qui court, Il serait plutôt réaliste et opportun d’entendre le président évoquer le rapport mapping et ses recommandations.
Dans ce cas précis, la nation congolaise et le peuple tout entier l’accompagneraient…
On ne change pas l’histoire !
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