Le courrier des évêques de la Cenco intitulé le pays va mal, qui appelle tous les Congolais à se tenir « Debout » face à la crise majeure que traverse leur pays et qui met en accusation un « petit groupe d’individus » qui a pris en otage tout un pays, provoque la colère de Joseph Kabila. Le taiseux président n’arrive plus à garder son silence.
Du problème
Le président Joseph Kabila n’a toujours pas annoncé quand, ni s’il comptait quitter le pouvoir en République démocratique du Congo malgré le fait qu’il a dépassé la date du 19 décembre 2016, synonyme de la fin de son second et dernier mandat, au regard de la Constitution congolaise.
Depuis quelques jours, une nouvelle séquence est ouverte en RDC
Tout a commencé par le courrier des évêques catholiques de la Cenco, vendredi 23 juin. Dans ce courrier, les évêques qui n’ont toujours pas digéré d’avoir été utilisés par la présidence au mois de décembre dernier, appellent les Congolais à la mobilisation et rappellent l’obligation d’organiser les élections présidentielles avant la fin de cette année 2017, conformément à l’accord de la Saint-Sylvestre signé par la majorité et l’opposition. Un texte dont s’est déjà affranchi Joseph Kabila, le mois dernier, lors d’une de ses rares interviews, lorsqu’il avait déclaré, sans rire, aux journalistes allemands du Der Spiegel qui l’interrogeaient, qu’il « n’a rien promis », semblant ainsi indiquer que les élections en RDC dépendaient désormais du bon vouloir du président et non plus de la Constitution.
Les faits palpables
La Ceni teste le terrain pour le président
Ce week-end, Corneille Nangaa, le patron de la Commission électorale nationale indépendante (CENI, chargée d’organiser les élections), a lancé un ballon d’essai lors d’une réunion avec un groupe de jeunes du Rassemblement de l’opposition. Pour lui, il est désormais évident qu’il sera impossible d’organiser les élections en 2017.
Quant aux engagements de l’accord de la Saint-Sylvestre, il les balaie d’un revers de la main. Expliquant que cette échéance de décembre 2017 « n’était qu’une convenance avec les évêques pour calmer les ardeurs d’une population surchauffée en décembre 2016. Date purement Politique et irréaliste ». Et il explique que le Conseil national de suivi de l’accord (CNSA – toujours pas installé), le gouvernement et la Ceni pouvaient de concert modifier ce calendrier.
A Lubumbashi, Kabila s’en prend aux catholiques
Selon le quotidien, La Libre Afrique, ce lundi 26 juin, à peine installé à Lubumbashi, le président Kabila a tenu à recevoir les députés provinciaux, nationaux et les sénateurs du Katanga, mais aussi les confessions religieuses.
Le président s’est d’abord énervé en constatant l’absence de l’Archevêque de Lubumbashi Monseigneur Jean-Pierre Tafunga. « Où est-il », a lancé le président à l’attention du vicaire général M. Moto. « A un deuil », a répondu le vicaire.
Une réponse qui n’a pas calmé le président Kabila qui, comme Corneille Nangaa, a accusé les catholiques d’être les responsables de la tension actuelle. « Vous voulez créer le désordre », a-t-il lancé. « Vous nous menacez s’il n’y a pas les élections en décembre prochain. Vous dites que c’est décembre ou rien », a pouruivi le président avant de prendre à parti les autres responsables des confessions religieuses dont Monseigneur Kapya Ntumba, de l’Eglise du Christ du Congo ECC, le bishop Mij Npalang de l’Eglise du Réveil, Justin Kachiz de l’Egise kibanguiste ou encore notamment Useni Ngoy pour les Musulmans. « Ce sont les catholiques qui étaient les médiateurs lors des négociations de la Saint-Sylvestre. On a bien dit que si on voyait qu’on ne pouvait pas organiser les élections, le gourvernement, le CNA et la Ceni pouvaient proposer un autre calendrier ». Et de poursuivre, encore une fois comme le président de la Ceni en évoquant l’impossibilité actuelle d’organsier les élections au Kasaï vu les violences. « On ne peut pas organsier les élections si on n’a pas enregistré les électeurs au Kasaï », a encore lancé Kabila dans un silence lourd, avant d’interpeler le vicaire catholique en lançant « Où est Tafunga, il faut que je le vois ».
La pire situation vécue avant le 19 décembre revient avec force. A la tête, les évêques catholiques, le rassemblement aile- limite et vital kamerhe qui vient de rejoindre le bateau. L’avenir de la rdc s’annonce sombre.
Joël imbole
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