RDC/OVG : La sentinelle oubliée au pied du Nyiragongo

Goma, au pied du Nyiragongo, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, l’un des volcans les plus dangereux du monde. Ici, l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG), jadis institution scientifique de référence en Afrique centrale, n’est plus que l’ombre de lui-même.

Privé de moyens, sans vision claire ni réel soutien politique, il symbolise aujourd’hui l’abandon d’une mission pourtant vitale : protéger des millions de vies. Créé pour surveiller l’activité des volcans Nyiragongo et Nyamulagira, l’OVG a longtemps constitué un rempart essentiel pour la sécurité de la population du Kivu et de toute la région des Grands Lacs africains.

Mais aujourd’hui, le centre fonctionne au ralenti : absence de financement régulier, matériel obsolète ou manquant, coupures d’électricité incessantes, et un personnel démotivé, oublié par les autorités qu’il sert pourtant avec dévouement. Comme si cette précarité ne suffisait pas, les autorités locales — AFC/M23 — ont dépêché, dans la soirée du lundi 20 octobre 2025, leurs représentants pour « récupérer » deux véhicules de terrain jusque-là utilisés par les agents pour la surveillance et la collecte des données.

Ironie tragique

Au lieu d’apporter un appui logistique, ces interventions privent davantage l’Observatoire de ses rares outils de travail. La population, témoin de cette absurdité, s’interroge : ces autorités sont-elles là pour soutenir la science, ou pour achever ce qu’il en reste ? Dans une ville constamment exposée au risque d’une nouvelle éruption, voir la sentinelle scientifique dépouillée de ses moyens relève du scandale.

L’OVG n’est pas seulement victime de difficultés techniques ; il est le reflet d’un désintérêt politique profond. Les promesses de réhabilitation et de soutien se sont vite évaporées, laissant les scientifiques livrés à eux-mêmes. Pendant que ces derniers multiplient les alertes, les dirigeants détournent le regard, préférant la politique de l’oubli à celle de la prévention. Ce manque de vision place non seulement Goma, mais toute la région, sous une menace permanente.

Le sacrifice pour l’intérêt général
Malgré tout, les agents de l’OVG poursuivent leur mission, armés de courage et de résilience. Avec des moyens dérisoires, ils continuent de surveiller les volcans actifs et le gaz du lac Kivu, souvent à partir de données partielles. Leur dévouement force le respect, mais leur solitude est criante. Ceux qui devraient être considérés comme des sentinelles de la nation sont ignorés, parfois même ridiculisés, alors qu’ils veillent jour et nuit sur la sécurité de millions de vies.

L’OVG mérite mieux :
une véritable politique scientifique, un budget stable, un plan de redressement clair, et surtout une volonté politique sincère. Sans cela, Goma restera vulnérable, et la prochaine éruption pourrait transformer cette négligence en tragédie. L’histoire retiendra qu’on aura laissé mourir une institution cruciale — non pas faute de savoir-faire, mais faute de conscience et de responsabilité.

Rédaction