Serge GONTCHO

Le renouveau des partis politiques (Tribune de l’Analyste Serge Gontcho)

Un parti politique est en principe un ensemble de personnes partageant des idées politiques communes et organisées en association. Les partis politiques sont nécessaires, parce que c’est eux qui fournissent les dirigeants politiques dont les actes déterminent le devenir de la communauté. Mais la vie des partis politiques en Afrique, et au Congo en particulier, est plutôt décevante. Il faut en chercher les raisons si l’on veut faire mieux, vivre mieux.

Premièrement, les partis en RDC ne sont pas organisés autour d’une doctrine politique mais autour d’affections. On le perçoit à travers les superlatifs dont chaque camp couvre son leader : Fatshi-Beton, Shina Rambo, Le Pacificateur, etc. Aussi par les fulgurances tribales qui ont, par exemple, opposé Tshisekedistes et Fayulistes, fulgurances qui ont ébranlé même les organisations supposées neutres telles que les églises ou les organisations des droits de l’homme.

Quand bien même ces fulgurances ont été enrobées dans constructions logiques, on sait qu’il s’agit pour la plupart de « rationalisation », la psychologie définissant celle-ci comme « justification consciente et rationnelle d’une conduite inspirée par des motivations inconscientes ».

Deuxièmement, la doctrine politique n’a que trop peu de place dans ces partis politiques. Posez la question aux sympathisants UDPS, UNC et LAMUKA quant à la différence doctrinale entre leurs formations, ils en seront incapables.
Même les élus, députés ou sénateurs, sont pour la plupart incapables de présenter leur idéologie. Ils n’en parlent jamais.

Le débat politique c’est essentiellement la critique ou l’apologie. Le programme de campagne c’est « Akende ! ». Rien comme proposition qui tienne compte de l’idéologie et d’un programme de gouvernement réellement pensé selon les règles.

Félix Tshisekedi a un mérite : il a mis fin à la dictature et à la répression qui la caractérise. On voit bien que tous les partis politiques sont pris de court ; ils ne savent plus que faire, que dire, parce que c’était tous des partis de lutte contre la dictature, des partis de résistance.

A-t-on jamais entendu Jean-Marc Kabund, ou Fayulu, ou Kamerhe, ou Katumbi, ou Jean-Pierre Bemba parler d’autre chose que des pugilats et des jalousies ? La réponse est, à 95 %, NON. Certains ont disparu de la circulation, on ne sait même pas où ils sont en ce moment.

Cela signifie que tous les partis politiques, sans aucune exception, sont à réinventer. C’est la fin d’un cycle, à condition que les intellectuels prennent leur responsabilité pour imaginer la nouvelle classe politique et la mettre en œuvre.

Les intellectuels qui se trainent derrière les leaders de leurs partis soit manquent de courage, soit sont aussi en quête d’intérêt personnel, parce qu’ils savent tous que les leaders ne leur laisseront jamais prendre de l’importance. Ils défendent leur combat de tant d’années pour gagner le pouvoir, et on peut les comprendre.

Il faut donc avoir le courage de recommencer, sans casser avec les nouveaux « riches ». C’est normal, l’homme quittera son père et sa mère, des branches naîtront de la même souche et se sépareront ; c’est cela la vie de l’arbre, c’est la loi de la Nature.

Le moment est venu d’imaginer et produire un nouveau corpus politique, ou au moins un nouveau paradigme politique, sans quoi la fin du cycle dont nous parlons n’aura été qu’un faux-départ, les dictateurs et la dictature sont aux aguets, cherchant comment revenir aux affaires.

Cette dictature ce n’est pas seulement le FCC, comme on pourrait le croire, mais même au sein des partis qui se disent du changement, où les germes de la dictature sont déjà plus que visibles. Il faut savoir reconnaître les signes du temps.

A ceux qui auront le courage de se remettre en question, de voir la science avant les étiquettes, invitation cordiale pour la réflexion sur le nouveau paradigme politique. Ezali pe lipa na nguba te !

Serge GONTCHO di Spiritu Santu
Conscience Nationale en Action.

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